"Big Bill le Casseur" est une publication qui occupe une place particulière dans l’histoire de la presse de bande dessinée et de la presse pour enfants. C’est en effet le seul titre jeunesse, avec ses homologues "P’tit gars" et "Tom Tom", à avoir été condamné au titre de la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Cette condamnation a été prononcée à l’issue de longues années de procédures, en 1961, alors même que la série elle-même s’était arrêtée en 1955. Le n°1 de "Big Bill le Casseur" paraît en 1947. Il est l’œuvre du dessinateur Chott, de son vrai nom Pierre Mouchot et du scénariste J. K. Melwyn Nash (alias Marcel Navarro, qui fera ensuite une longue et fructueuse carrière de scénariste et d’éditeur de fascicules de petits formats). Chott laisse rapidement un pool de dessinateurs assurer la continuité de l’histoire et se réserve l’exécution des illustrations de couverture. Il faut dire qu’il est également l’auteur des séries "Fantax", "Robin des Bois", "Gus et Gaëtan", etc. et l’éditeur des revues où paraissent toutes ces séries. Chott, qui dessine depuis 1940, a en effet profité des premiers mois de l’après-guerre pour fonder sa propre maison d’édition, les éditions Pierre Mouchot, basées à Lyon. Il avait auparavant collaboré à plusieurs titres ("Aventures", "Jumbo", "Pic et Nic", "Wrill"), pour des séries qui se signalent par leur dynamisme et leur maniérisme, très largement inspirées des classiques américains d’avant-guerre (surtout "Prince Valiant", "Flash Gordon" et "Jungle Jim" qu’il plagie souvent sans vergogne). Les œuvres de Chott, marquées par une violence très en décalage avec la sensibilité de l’époque (les années d’après-guerre sont marquées par un fort moralisme que traduit le vote de la loi de 1949), sont rapidement épinglées par la commission de surveillance instituée par la loi. Marginal au sein d’un marché déjà stigmatisé, il subit d’interminables poursuites judiciaires où on l’accuse de donner une image favorable du banditisme et de la paresse. Ces incessants tracas le poussent à saborder ses propres publications puis à interrompre son travail d’auteur. Il meurt en 1966, usé dit-on par les procès qu’il a dû subir. Il avait 55 ans. Le numéro que nous présentons est le septième. Il comprend 12 pages imprimées en bichromie, sauf la couverture où le rouge domine (c’était une des signatures visuelles de toutes les publications de Pierre Mouchot). On remarquera l’enchainement incessant des coups de théâtre et les postures outrées des personnages, qui font plus songer à une esthétique super-héroïque qu’à celle des westerns de l’époque, beaucoup plus sage.
Type d'œuvre
Fascicule de périodiques
Droits
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Source
la bibliothèque de la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image