Marcel Remacle (1926-1999) a été coiffeur pour dames en même temps que dessinateur de gags pour la presse belge avant de se lancer dans la bande dessinée en 1956. Remarqué par Charles Dupuis, il est engagé dans le studio Dupuis pour accomplir divers travaux graphiques et dessine en parallèle une série animalière, « Bobosse », qui paraît dans l’éphémère hebdomadaire « Risque-Tout ». Après l’arrêt de ce titre, « Bobosse » est repris dans « Spirou ». Le toujours avisé Maurice Rosy conseille à Remacle d’abandonner le genre animalier pour s’orienter vers un univers qui convient mieux à son tempérament : la piraterie. En 1958 paraît le premier épisode du « Vieux Nick », série humoristique qui met en scène un vieux boucanier doté d’un tempérament irascible et d’une grande force. Très marqué par le style de Morris (qui lui prodigue d’utiles conseils), Remacle laisse libre cours à une inspiration comique qui culmine avec l’invention de Barbe-Noire, pirate qui fait penser, graphiquement aussi bien que du point de vue de la psychologie, à Averell Dalton. Comme il arrive souvent, le méchant (et bête) Barbe-Noire supplante le Vieux Nick dans le cœur des lecteurs et c’est lui qui, de fait, devient la véritable de la vedette de la série. L’introduction en 1960 d’un nouveau protagoniste, le propre grand-père de Barbe-Noire appelé « Bon-Papa », oriente définitivement la série vers la bouffonnerie, le terrible pirate Barbe-Noire étant constamment terrorisé par son aïeul, qui ne cesse de faire pleuvoir des claques retentissantes sur la figure de son malheureux petit-fils. « Les Mangeurs de citron », paru dans « Spirou » en 1959 est généralement considéré comme l’un des meilleurs de la série, qui aborde sur le mode comique la question de la malnutrition et du scorbut qui sévissaient sur les bateaux à voile des XVIIe et XVIIIe siècles, et dont on parvint à combattre les effets en généralisant la consommation de citrons sur les bateaux. Cette planche, qui voit le Vieux Nick en mauvaise posture est représentative de la manière de Remacle : une version un peu raide sans doute, mais très efficace, de l’esthétique toute en rondeurs de l’école de Marcinelle. A partir de 1964, Remacle, qui reste dans l’univers maritime invente « Hultrasson le Viking », série qu’il réalise avec le dessinateur Marcel Denis, et qui se signale par la bêtise réjouissante de ses personnages. La série, vendue à la maison Dupuis au bout de trois épisodes est reprise par Tillieux et le dessinateur Vittorio Leonardo pour un quatrième opus qui restera sans suite. Marcel Remacle, qui avait considérablement ralenti sa production depuis le début des années 1980, prend sa retraite en 1991, à l’âge de 65 ans.