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La personne et les productions du dessinateur Emile Tap ont suscité de multiples interrogations. On sait peu de choses sur son compte, sinon qu’il fut, dans la première partie du XXe siècle, greffier de la Commune libre de Montmartre (association de peintres et dessinateurs qui entendaient préserver l’esprit libertaire de la célèbre Butte ; elle existe toujours), et qu’il publia dans de nombreux journaux satiriques. On l’a confondu avec l’illustrateur Edmond Tapissier, qui signait également E. Tap (alias Rose Candide), pour l’attribution du dessin de l’album « Sam et Sap, aventures surprenantes d’un petit nègre et de son singe », dont le texte est de Georges Le Cordier. Publié en 1908 par la maison Delagrave, cet album qui met en scène un jeune africain et son singe ne brille certes pas par son progressisme dans la description du personnage principal, pleine de clichés colonialistes courants à l’époque et terriblement datés aujourd’hui. Emile Tap introduit dans cet album un procédé narratif follement audacieux pour l’époque : les personnages dialoguent au moyen de vignettes de textes placés dans l’image ! En l’état actuel des recherches, « Sam et Sap » est donc le premier ouvrage français qui a recours aux bulles pour faire parler ses personnages, à une époque où les créateurs respectaient la règle canonique du texte sous l’image, hérité de l’exemple de Rodolphe Töpffer.
Emile Tap, alias Rose Candide, est donc l’un des noms importants de l’histoire française de la BD française. Mais il ne fut pas un assidu du récit en images et « Sam et Sap » est le seul exemple marquant de son incursion dans ce que l’on n’appelait pas encore le 9e Art. Emile Tap était et reste surtout connu comme dessinateur humoristique, qui a publié des dizaines de dessins légendés dans la presse spécialisée (« Le Gaulois », « Le Pêle Mêle », « Le Petit illustré amusant »…).
Le dessin que nous proposons aujourd’hui, qui a été exécuté avant « Sam et Sap », fait partie de cette production de presse.Il a été publié dans L'Illustré national du 8 janvier 1905. Cette publication est reprise à l'identiquecomme supplément illustré dominical de nombreux titres de presse régionale, comme ici Le Mémorial d'Amiens.