De son vrai nom Claude de Ribaupierre, Derib est considéré comme l’un des grands noms de la bande dessinée suisse. Né en 1944 dans une famille d’artistes (son père est peintre, sculpteur et verrier), il fait ses premiers pas dans le dessin publicitaire, avant d’entrer dans le studio du dessinateur belge Peyo, pour lequel il travaille sur les histoires de Schtroumpfs. Après plusieurs séries (« Attila le chien », « Pythagore »), parues à la fin des années 1960, il publie « Yakari », sur des textes du scénariste Job, qui trahit sa passion pour l’histoire des Indiens d’Amérique. Cette série pour enfants, qui paraît toujours, rencontre un succès qui ne s’est jamais démenti. La série « Go West » (scénarisée par Greg), parue dans « Tintin » en 1971, confirme l’intérêt de Derib pour l’ouest américain, vu cette fois du côté des immigrants qui partent à la conquête de nouveaux territoires. « Buddy Longway » va d’une certaine manière synthétiser ces différentes approches de l’histoire de l’Amérique puisqu’elle met en scène un trappeur, Buddy Longway, que son parcours va mettre en contact avec les Indiens (il épouse Chinook, jeune femme Sioux, avec laquelle il va avoir deux enfants). Emerveillé par la nature, Buddy Longway n’ignore rien des tensions entre les Blancs et les Indiens, et la série se distingue par son ton nuancé, bien que Derib ne cache pas, au fond, sa sympathie pour les modes de vies autochtones. La série, qui compte vingt tomes, présente la particularité de s’inscrire assez précisément dans le temps et l’espace : le récit prend part pour l’essentiel dans les plaines centrales du continent nord-américain et, fait plutôt rare, les personnages vieillissent d’un album à l’autre. Buddy est un jeune homme dans les premières histoires. A la fin de la série, ses enfants sont adultes et lui-même est marqué par le passage du temps. Derib reviendra plus tard sur l’univers de l’Ouest, en se centrant sur les « Native Americans « (« Celui qui est né deux fois », « Red Road »), mais c’est « Buddy Longway » qui reflète sans doute le mieux son style et son propos : un découpage très « cinématographique », où les cases peuvent se superposer, en un équivalent aux inserts et gros plans du cinéma, pour des pages qui exaltent souvent la nature.