Alors que sa série la plus connue, « Le Génie des Alpages », paraît avec succès dans « Pilote », F’Murr (alias Richard Peyzaret) participe à l’effervescence des nouvelles revues de BD des années 1970 en publiant Jehanne d’Arque dans « Métal Hurlant» à partir de 1976, sous forme d’une suite de gags de deux pages. Jehanne change bientôt de journal et se trouve au sommaire du n°1 d’(« A Suivre ») en 1978. La forme du récit évolue, puisque F’Murr livre désormais une histoire à épisodes, qui se déroule dans un Moyen Âge largement interprété, même si F’Murr témoigne, au fond, d’une connaissance indiscutable de la période historique. Portée sur le bon vin, volontiers paillarde, la Jehanne de F’Murr est fort éloignée des représentations qu’en a donné l’église et tous les dramaturges et romanciers que le mythe de La Pucelle fascine depuis maintenant six siècles. Fidèle à la loufoquerie qui marque ses créations, F’Murr met sa Jehanne en présence de Paul Claudel, puis d’Attila roi des Huns. Elle tombe amoureuse d’une extraterrestre avec qui elle aura un fils, Timofort, héros de la seconde partie du récit, publié sous le titre « Tim Galère ». La version f’murrienne de Jeanne frappe par sa maîtrise du noir et blanc, comme dans cette page où le jeu sur les aplats de noir et de gris, rendus par des nappes de traits à la plume, traduit bien le malaise entre Jehanne venue prendre congé et un Attila bougon et gêné.