La maison Arthème Fayard , éditeur bien implanté en France dans la seconde moitié du XIXe siècle, décide au début du XXe siècle de lancer des revues destinées au lectorat enfantin, pour lesquels elle imagine deux titres « La Jeunesse illustrée », lancée en 1903 puis, l’année suivante, « Les Belles images ». Les deux titres, qui donnent le primat à la distraction – ce qui est un concept révolutionnaire à l’époque pour des revues destinées aux enfants - remportent le succès auprès de leurs jeunes lecteurs. « Les Belles images » et « La Jeunesse illustrée » publient des dizaines de dessinateurs, qui se plient tous à la règle du texte sous la vignette dessinée, les pages étant uniformément des damiers de douze vignettes. Mêlant humour, aventures féeriques et récits vaguement historiques, les bandes dessinées d’Arthème Fayard se présentent sous la forme de feuilletons qui courent pour la plupart sur une dizaine de numéros. La forme narrative immuable contribuera, avec le temps, à la marginalisation des deux publications, qui ne s’emparent pas des innovations des jeunes dessinateurs des années 20 et 30. « Les Belles Images » et « La Jeunesse illustrée » finiront par fusionner, avant de disparaître définitivement en 1936. Des dizaines de dessinateurs ont collaboré à ces deux titres, dont le plus connu est Benjamin Rabier. D’autres, comme Asy que nous présentons aujourd’hui, y feront des carrières assez longues et publieront des dizaines d’histoires. On ne sait rien sur le mystérieux Asy, qui se reconnaît à un dessin habile, assez ornementé, peu dynamique mais non dénué de charme, et une façon de jouer sur sa signature, souvent présentée à la verticale. Un rappel d’éventuelles origines asiatiques ?