Cette planche au format est extraite de la plus célèbre des histoires du dessinateur français Jean Trubert (1909-1983), qui signait « Jen Trubert ». Ce dessinateur publicitaire qui fut également boxeur amateur puis professionnel, réalisa sa première bande dessinée dans les années 1930 et ne cessa ensuite de publier dans tous les titres importants de la presse pour enfants. Il travailla pour la S.P.E. (éditeur des Pieds Nickelés), différents titres édités par l’infatigable Marijac, mais également Fripounet, Vaillant, Tintin, Pilote… Il fut aussi celui qui, de 1959 à 1962, reprit et tenta de moderniser Bécassine, après le décès de son premier dessinateur Joseph-Porphyre Pinchon. Publié à partir de 1948 dans Baby Journal, Le Chevalier Printemps, sur scénario de Roger Lécureux, parut ensuite dans plusieurs hebdomadaires pour enfants, avant de se conclure dans le magazine féminin Femmes d’aujourd’hui. Contant les mésaventures d’un jeune chevalier naïf et plein de courage accompagné de son compagnon le géant Brabas, cette histoire située dans un Moyen Âge de fantaisie qui totalisa 138 planches se présente comme un mélange extrêmement réussi d’humour, de poésie et de fantastique. La planche que possède le Musée de la bande dessinée appartient aux débuts de la série, que l’on considère généralement comme la plus réussie. Recourant au dispositif « classique » mais un peu daté du texte sous l’image, Jean Trubert laisse libre cours à sa verve graphique. La représentation d’un soleil à la chevelure hirsute renoue ici avec une tradition iconographique ancienne. La belle simplicité du dessin, son élégance et sa vitalité font de Jean Trubert, ici à son meilleur, le digne héritier d’une tradition graphique qui fait de lui l’héritier de Félix Lorioux et Samivel.