Né en 1946, le dessinateur Marc Wasterlain fut d’abord assistant de Dino Attanasio, avant de travailler, à partir de 1966, dans le studio Peyo où il participa à l’élaboration d’histoires des Schtroumpfs et de Benoît Brisefer. C’est donc un digne héritier de la fameuse «école de Marcinelle», dont les maîtres furent André Franquin, Morris, Will et, bien sûr, Peyo. Mais Wasterlain est également un grand admirateur d’Hergé, comme en témoigne sa série la plus connue, Jeannette Pointu, dont l’héroïne photo-reporter a de nombreux points communs avec le mythique héros à la houppe. Docteur Poche montre une autre facette du talent versatile de Wasterlain. Teintée de fantastique, la série oscille au gré des épisodes entre l’anticipation d’inspiration littéraire (L’Île des hommes-papillons), la chronique sentimentale (Karabouilla), la pochade comique (Le Petit signe qui faisait des manières) et, pour la planche qui nous occupe, l’heroic fantasy animalière. Transporté sur une lointaine planète, Docteur Poche et le petit groupe d’enfants qui l’accompagne se retrouvent pris entre les feux d’un conflit qui oppose deux royaumes, l’un composé de chiens, l’autre de chats, tous deux ayant atteint un haut degré de développement. Jouant avec un brio consommé des codes d’un genre ultra-référencé, Wasterlain revisite la fantasy avec une gourmandise non dénuée de distance. Cette planche, qui mélange « vrais » personnages humains (le touareg, ou encore, dans la dernière case, le Docteur Poche et ses compagnons), «vrais» animaux (des dromadaires) et personnages animaliers (ici le petit chien à chéchia), en témoigne avec éclat. Outre l’allusion évidente aux affres du Capitaine Haddock perdu dans les dunes du «pays de la soif», ce qui frappe ici, c’est l’aisance avec laquelle Wasterlain entremêle les différents registres du récit et le bonheur qu’il prend à en dérouler les péripéties. Ce bonheur est communicatif et envahit quiconque se (re)plonge dans les deux tomes (La Planète des chats et Le Renard bleu, dont cette planche est extraite) de cette saga qui ne manque certes pas de chien (ni de chats) !