Né en 1931 aux Etats-Unis, Alfonso «Al» Williamson passe sa jeunesse à Bogota (Colombie), où la lecture des bandes dessinées américaines (et particulièrement celles de Will Eisner) détermine sa vocation de dessinateur. Revenu aux USA au début des années 40, il entame une carrière extrêmement prolifique, qui se déroule à la fois dans les journaux quotidiens et dans les comic books. Héritier d’Alex Raymond et de Burne Hogarth (dont il avait suivi les cours de dessin), contemporain et ami de Roy Krenkel, Wallace Wood et Frank Frazetta, il a été, des années 50 à 80, un dessinateur réaliste au style élégant, efficace et racé. Il a dessiné Tarzan, Flash Gordon, Secret Agent X9 (rebaptisé Secret Agent Corrigan), illustré de courts récits fantastiques pour Warren, des récits de guerre, des westerns… Ses adaptations en bande dessinée de Star Wars ou du Flash Gordon de Dino de Laurentiis sont parmi ce qui s’est fait de plus réussi dans le genre. Le Musée de la bande dessinée possède six strips de Secret Agent Corrigan dessinés par Al Williamson sur des scénarios d’Archie Goodwin, qui datent de 1972, soit huit ans avant qu’ils abandonnent le personnage, qu’ils faisaient vivre dans les comic pages des journaux américains depuis 1968. Le strip présenté aujourd’hui témoigne de l’efficacité de Williamson: contraint d’utiliser un texte de commentaire pour expliquer l’enchaînement très elliptique de l’action, il parvient à densifier ses dessins en plaçant de façon très harmonieuse des taches de noir qui accrochent l’œil et équilibrent la composition générale de la bande. On appréciera aussi, en avant-plan dans la dernière case, l’élégance du visage féminin de profil. Al Williamson a fait le pont entre ces classiques du fameux «âge d’or» et quelques grands noms des années 70 et 80 comme Mike Kaluta, Berni Wrightson ou Mark Schlutz. Son œuvre n’a été que très partiellement traduite en France, surtout dans les années 70 et 80.