Polly and her Pals a vu le jour en 1912, à l’initiative du magnat de la presse américaine William Hearst, impressionné par un strip que le jeune Cliff Sterrett faisait paraître alors. D’abord baptisé Positive Polly et centré sur une jeune fille plutôt délurée, le strip s’enrichit de nombreux comparses, dont les parents de la demoiselle, et est bientôt rebaptisé Polly and her Pals («Polly et ses copains»). Marqué par l’esthétique Art déco des années 1920, Cliff Sterrett stylise progressivement son graphisme qui évolue vers la simplicité, l’élégance et une vigueur pleine de charme. Dans la sunday page (page du dimanche) qui paraît à partir de 1913, il a recours à des couleurs pétillantes, mises en valeur par des aplats de noir impeccablement répartis. Ce graphisme plein d’entrain met particulièrement en valeur l’humour farfelu de Sterrett, qui s’exprime souvent dans des gags muets dont les parents de Polly, «Maw» et «Paw» Perkins sont les vedettes (les victimes?). Datant de 1944, la planche présentée aujourd’hui est typique de la manière sterretienne et vaut par la manière implacable dont les cogitations nocturnes et exaltées de Paw vont l’amener, en pyjama, à la porte de chez lui. On appréciera la chorégraphie extrêmement décorative du chat de la maison, vecteur malgré lui du gag fatal. S’il abandonne dans les années 1930 le strip quotidien à ses assistants Paul Fung Jr et Vernon Greene, Cliff Sterrett dessine la page du dimanche jusqu’en 1958, établissant ainsi une sorte de record de longévité pour une bande paraissant dans la presse. Moins reconnu sous nos climats que Winsor McCay ou George Herriman, Cliff Sterrett est incontestablement un des grands classiques de la première époque de la bande dessinée américaine, dont le travail a fait l’objet d’une redécouverte et d’une importante réévaluation ces trente dernières années.
Type d'œuvre
Planche
Droits
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Source
musée de la bande dessinée - la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image