capitaine fantômecapitaine fantôme
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Né dans la dernière décennie du XIXème siècle, Raymond Cazanave a cessé de publier à la fin des années 1950. Journaliste, illustrateur, peintre et auteur de bande dessinée, son œuvre est abondante, variée, et d’une remarquable qualité. Soldat pendant la Grande Guerre, il est sérieusement blessé et gardera toute sa vie une balle au côté, qui, à la fin de sa vie provoquera une paralysie progressive et sera la cause de son décès. Du point de vue stylistique, il connaît deux grandes périodes: pendant l’entre-deux-guerres où il publie surtout des dessins et des strips très marqués par l’esthétique Arts déco; après la Seconde Guerre mondiale où il évolue vers un style plus expressionniste, travaillant sur un noir et blanc contrasté et des cadrages volontiers dramatiques. Il a publié dans de nombreuses revues (Pierrot, Le Dimanche illustré, Lisette, Cap’taine Sabord, Wrill, Vigor…) mais c’est dans Coq Hardi, et sur scénario du rédacteur en chef de la revue, Marijac, qu’il a publié Capitaine Fantôme, son histoire la plus remarquable. S’inspirant des qualités propres du dessin de Cazanave, Marijac imagine une histoire de flibuste mâtinée de fantastique qui voit le brave chevalier de Veyrac (ou Vyrac, l’orthographe de son patronyme varie dans le cours de l’histoire) combattre le sanguinaire capitaine d’un navire pirate pour découvrir (et le lecteur avec lui) que ce capitaine est un revenant. Il en triomphera bien sûr, non sans devenir à son tour un pirate (mais pour la bonne cause).
Comme ces planches en témoignent, Cazanave a le sens de l’atmosphère, un goût prononcé pour les trognes patibulaires et un vrai talent pour le noir et blanc expressif. On appréciera en outre son sens du détail en admirant dans la cinquième case la précision presque documentaire du navire pirate. Pas un gréement, pas un cordage ne manque.