Dessinateur précoce (il travaille dans la publicité avant même d’avoir vingt ans), Neal Adams se lance dans bande dessinée au tout début des années 1960, signant d’abord Ben Casey, sur scénario d’Alfred Caplin (le frère d’Al Capp). À partir de 1966, il collabore à plusieurs strips quotidiens, dont Rip Kirby et The Heart of Juliet Jones. Dans le même temps, la DC fait appel à ses services pour renouveler l’image de certains héros anciens. Il s’empare ainsi de Superman (pour un épisode), puis de Batman, mais c’est sa recréation de Deadman qui va enthousiasmer les fans. Passé à la concurrence (Marvel Comics), il anime entre autres les X-Men et The Avengers. Il revient ensuite chez DC où, en tandem avec le scénariste Denny O’Neill, il renouvelle complètement le personnage de Green Arrow - né de l'imagination de Mort Weisinger et George Papp en 1941-, alias Oliver Queen, qu’ils mettent en équipe avec The Green Lantern, autre super-héros de la firme dont le pouvoir provient d’un anneau donné par un extraterrestre. Doté d’une psychologie assez fouillée, Green Arrow manifeste des opinions iconoclastes voire cyniques (on le classera même à l’époque parmi les super-héros gauchistes!). Cette page au découpage fluide et aux dialogues enlevés (en l’occurrence, des bulles de pensées intérieures du super-héros plutôt désabusé) est caractéristique de la production O’Neill-Adams : dynamique, impeccablement mise en place. On appréciera la quatrième case, où l’anatomie avantageuse du héros occupe tout l’espace, au point même que la tête déborde légèrement du cadre. Dessinateur marquant des années 1970 et 80, Neal Adams est également connu outre-Atlantique pour son action déterminante dans la reconnaissance des droits des auteurs face aux pratiques des majors de l’édition. On a ainsi souligné son rôle déterminant dans l’action qui a permis que Jerry Siegel et Joe Shuster, créateurs oubliés de Superman, bénéficient, à la fin de leurs vies, du formidable succès de leur personnage au cinéma.