Apparu dans les années 1980 dans la presse BD amateur, François Avril ne publie des bandes dessinées que durant une période somme toute assez courte, tout en menant avec succès une carrière d’illustrateur pour la presse, l’édition et la publicité. On se souvient de Doppelgänger chez Magic Strip en 1986, dans la collection «Atomium», qui fit émerger quelques-uns parmi les plus remarquables des représentants de la garde montante de l’école dite de la «ligne claire» (Dupuy et Berberian, Emile Bravo, Yves Chaland…), suivi de Soirs de Paris, Le Chemin des trois places et El Rebelde, Le Rebelle, tous trois parus en 1989. Depuis cette date, il n’a publié que des ouvrages en tirage limité ou des catalogues d’exposition, tout en ne produisant des pages de bande dessinée que pour des expositions ou des ouvrages collectifs (on se souvient de sa magistrale relecture d’une page d’Enki Bilal pour l’exposition Cent pour cent). A partir des années 1990, il s’est donc mis à l’écart du neuvième art, au profit du dessin et de la peinture. La planche présentée aujourd’hui est extraite de Soirs de Paris et témoigne de façon exemplaire du goût de l’épure de François Avril, dans cet album composé d’une suite de courts récits entièrement muets, dont le scénario est dû à Philippe Petit-Roulet, autre tenant, à l’époque de l’esthétique de la ligne claire. Cette page en noir et blanc frappe autant par son élégance que par son économie: pas de couleur, des décors réduits à des indications minimales, des personnages croqués en quelques lignes. Ce laconisme visuel est mis au service d’un récit constamment drôle, où le petit jeu parfois cruel des relations sentimentales et mondaines se déploie avec une richesse et une subtilité que les relectures n’épuisent pas.