Disparu le 16 mai 2013, Roger Chevallier, alias Kline, est l’un des meilleurs représentants de l’école française du dessin réaliste dont les chefs de file ont été Raymond Poïvet et Paul Gillon. Ce Breton d’origine (il est né dans les Côtes d’Armor en 1921) «monte» à Paris pendant la guerre et y débute sa carrière de dessinateur, qui prend véritablement son envol à partir de 1945. Il se distingue par un solide graphisme réaliste et s’illustre dans tous les genres de l’aventure: la science-fiction (Kaza le Martien, sa première œuvre marquante), le récit historique (Quentin Durward, d’après le roman de Walter Scott), le western (La Fille du Shérif), etc. Il travaille longtemps pour les publications de Marijac, reprenant en particulier Colonel X). Il rejoint l’hebdomadaire Vaillant en 1960, où il dessine jusqu’en 1980 les séries qui lui apportent sa plus grande notoriété: Davy Crockett puis Loup Noir, toutes deux sur scénarios de Jean Ollivier). La dernière partie de sa carrière le voit travailler pour les éditions Fleurus à de nombreux albums historiques de la collection «Grandes heures des Chrétiens». La planche de cette semaine provient d’un épisode de Roland, Prince des bois, sur scénario de Marijac. Elle a paru en 1950 dans Coq Hardi. La série s’inspire très directement des aventures légendaires de Robin des Bois. La narration en texte off de Marijac permet à Kline de déployer son savoir-faire en matière de composition, signalant de façon évidente l’influence qu’ont eu sur lui les maîtres américains Alex Raymond et Milton Caniff. Alternant les images très composées (la troisième case, manifestement inspirée de la peinture classique) et les gros plans, Kline joue sur l’ensemble de la page du contraste entre le noir et le blanc et suggère le froid cuisant de l’hiver en parsemant l’ensemble de sa planche de taches blanches symbolisant la neige.