Nous avons déjà évoqué Jacques Marie Dumas, dit Marijac, importante figure de la bande dessinée française entre les années trente et 60. Il aura travaillé avec tous les plus marquants auteurs de la bande dessinée française de l’époque, de Calvo à Dut en passant par Liquois, Cazanave, Marin… Et Etienne Le Rallic. La planche que nous proposons aujourd’hui relève du genre western, pour lequel Marijac avait un notable penchant. On se souvient que pour entrer au club des Coq Hardi dont il fut rédacteur en chef, chaque jeune lecteur devait fournir à la revue un pseudonyme à la mode des Indiens. On se souvient également de la série Sitting Bull dessinée après-guerre par Dut. S’adressant aux jeunes lecteurs, Marijac et Le Rallic racontent l’histoire ici d’une jeune pouliche, Blanche Crinière, qui va grandir au côté du jeune Indien Papoose. On remarque l’omniprésence du texte, qui est une des caractéristiques des bandes dessinées françaises de l’époque, et le sens très sûr de la composition dont fait preuve Le Rallic, en particulier dans la répartition des masses de noir et de blanc. On remarque surtout les découpages et la recomposition de chaque case. Elle s’explique par le fait que, scénariste et éditeur, Marijac se considérait comme propriétaire de la planche dessinée par un autre et la gardait par devers lui. Il la réutilisait au gré de la parution de titres de presse éphémères qu’il a édités jusqu’au milieu des années 1980. Pour satisfaire aux contraintes de format, qui variaient d’un titre à l’autre, Marijac n’hésitait pas, comme on le voit ici, à réagencer ses vignettes, complétant de sa propre main les dessins du talentueux Le Rallic. Il est vrai que l’original de bande dessinée n’avait pas à l’époque la valeur symbolique et marchande qu’il a acquise depuis lors.