Né Jacques Onfroy de Bréville, {{Job}} est l’un des grands noms du dessin et de l’illustration de la fin du XIXe et du début XXe siècle. Il est le fils d’un président de chambre correctionnelle. Engagé cinq ans dans les Cuirassiers, il garde pour le reste de sa vie une passion pour la chose militaire, qu’il illustre abondamment dans la presse, les livres et les affiches. Comme le confirme la planche d’aujourd’hui, il voue une véritable passion à la figure de Napoléon, sur laquelle il revient inlassablement. De 1871 jusque dans les années 1920, il publie plus ou moins durablement dans une vingtaine de journaux dont {La Caricature}, {La Revue illustrée}, {Le Figaro illustré}, etc. et illustre une quarantaine de livres, dont une part non négligeable pour les enfants, principalement des livres d’histoire volontiers cocardiers et des biographies de personnages célèbres (Louis XI, Murat, George Washington, dans un livre publié aux USA et, bien sûr, Napoléon auquel il consacre pas moins d’une demi-douzaine d’ouvrages). L’élégance de son trait et son sens de la composition en ont fait une référence du dessin de l’époque et son nom reste attaché à une tradition dans laquelle se placent également Henry Morin et, plus près de nous, René Giffey. On l’aura compris, Job n’a jamais pratiqué la bande dessinée et cette page d’image d’Epinal, exécutée pour la maison parisienne Quantin, est ce qui se rapproche le plus chez lui d’une séquence narrative. Au centre de la page, l’image archétypale de l’empereur sur le champ de bataille, juché sur son cheval et entouré de grognards qui le fêtent. Autour, distribuées en vignettes de tailles inégales, les grandes étapes de son destin, de l’enfance à l’exil en passant par la campagne d’Egypte et la retraite de Russie. La composition est à la fois efficace et savante. On peut se demander si le traitement en silhouette de la colonne de soldats, dans la vignette du bas à gauche, n’est pas une réminiscence du spectacle de lanterne magique que Caran d’Ache, autre grand napoléonien, avait lancé avec un succès retentissant au cabaret du Chat noir. Ne manquent que le court texte d’accompagnement, placé sous les vignettes et les couleurs, d’une remarquable délicatesse.