Le présent article propose une démarche historiographique permettant de comprendre dans leurs grandes lignes comment les théories franco-belges sur la bande dessinée d’orientation sémiologiques ou sémiotiques se sont développées de la fin des années 1960 aux débuts des années 2000. Notre but est d’étudier les façons dont ces approches ont été caractérisées d’un point de vue théorique (les principes épistémologiques, les prises de position) et méthodologique (les objets d’étude choisis, la segmentation de l’analyse, les concepts appliqués), en cherchant à dégager les traits de permanence et de rupture qui fondent ce que nous pourrions appeler aujourd’hui une sémiotique de la bande dessinée, toujours en construction. Dans le domaine sémiologique, notre bilan historique se consacre à l’analyse des théoriciens tels que P. Fresnault-Deruelle, B. Peeters et Th. Groensteen, entre autres ; dans le domaine sémiotique, il porte tout spécialement sur les approches greimassiennes de R. Lindekens, J. Courtès et J.-M. Floch. Ce balayage historiographique nous a permis de suivre les lectures et notamment les « anti-lectures », parfois passionnées, auxquelles la théorie franco-belge de la BD s’est confrontée.