« Goodman Beaver Meets T*rz*n » a paru en 1961, dans le n° 12 du magazine satirique « Help ! », dont « Harvey Kurtzman » était le rédacteur en chef. Kurtzman est également le créateur de Goodman Beaver, qui avait fait sa première apparition dans « The Organization Man in the Gray Flannel Executive Suit », une des histoires parues en 1959 dans le recueil d’histoires originales « Harvey Kurtzman’s Jungle Book ». Goodman y joue le rôle d’un jeune homme naïf et honnête, découvrant les mœurs corrompues de la grande presse américaine de l’époque. Kurtzman sent alors le potentiel de ce Candide des temps modernes et le reprend pour le magazine « Help ! », qu’il dirige de 1960 à 1965, confiant le dessin à Bill Elder, avec lequel il travaille depuis les années 1950 et le lancement de « Mad ». Six histoires paraîtront, que beaucoup considèrent comme le sommet des carrières de Kurtzman et Elder. « Goodman Beaver Meets T*rz*n » est le second épisode de cette série au ton très adulte : elle met en scène la rencontre entre l’innocent Goodman et le seigneur de la jungle, dont le nom dans l’histoire est modifié pour éviter les poursuites judiciaires (l’histoire suivante, « Goodman Goes Playboy », critique sévère de l’hédonisme vain du mensuel pour hommes, vaudra aux auteurs et à l’éditeur de « Help ! » un procès de la part de l’éditeur d’ »Archie Comics », dont les personnages étaient repris dans l’histoire. L’éditeur de « Playboy », Hugh Hefner, quant à lui, apprécia la charge au point de proposer ultérieurement à Kurtzman et Elder de travailler pour son mensuel). Critique du néo-colonialisme, mise en boîte sévère de la Guerre froide alors en cours, cette histoire, comme toutes les autres, est l’occasion pour le dessinateur Bill Elder d’exercer son goût des compositions saturées de détails absurdes ou saugrenus, qui lui a valu le surnom de « Bruegel de la bande dessinée ». Ce goût de la surcharge se vérifie dans cette seule case de 3 centimètres sur 2.