Les mangas japonais appartenant au sous-genre du shōnen nekketsu comptent parmi les plus célèbres et les plus exportés dans le monde. Ce genre se distingue par une structure narrative particulière plutôt qu’un registre ou un cadre conventionnel, autorisant le mélange d’œuvres fantastiques avec d’autres réalistes. L’hypothèse du présent travail est que l’unité de cette catégorie est à trouver dans le type de valeurs qui y sont développées, et que l’on peut rapprocher de valeurs sportives. Dans cet article, nous analysons les traits principaux du manga Dragon Ball d’Akira Toriyama, en les comparants à d’autres classiques du genre, de manière à mettre en évidence le fait qu’en dépit de la diversité apparente de cet ensemble, tous ces manga concourent à développer un même idéal du sportif visant l’effort et la progression, se battant contre ses propres limites plutôt que contre des ennemis, en contraste marqué avec les justiciers des comics américains ou de la bande dessinée européenne. Ces œuvres proposent donc une émancipation du sport de son cadre classique pour le recontextualiser dans le domaine du fantastique, conservant toutefois ses caractéristiques essentielles, simplement stylisées.