Peyo, né Pierre Culliford en 1928 à Bruxelles et mort dans cette même ville en 1992, est cité, avec Franquin, Morris et Will, comme l’un des maîtres de l’école de Marcinelle, ville proche de Bruxelles où se trouve le siège des éditions Dupuis, éditeur de l’hebdomadaire Spirou. Peyo a débuté sa carrière d’auteur de bande dessinée en 1946, après avoir, pendant quelques mois, travaillé dans un studio de dessin animé. Il publie ses premières pages dans le quotidien La Dernière heure. Il imagine l’histoire de Johan, un jeune page qui vit au Moyen Âge. Le même personnage, moyennant quelques transformations, fait son entrée en 1950 dans Spirou, où il remporte rapidement un immense succès. Flanqué de Pirlouit, il vit des aventures à la fois palpitantes et comiques, où le génie narratif de Peyo se déploie, mêlant l’imaginaire médiéval et des gags relevant du plus pur slapstick. On loue, à juste raison, la clarté du dessin de Peyo, héritier inspiré de la tradition du dessin tout en rondeurs initié aux États-Unis par Otto Mesmer (Felix the Cat) et bien sûr Disney. Tout en dessinant Johan et Pirlouit, Peyo anime également les séries Poussy (gags courts sur un chat domestique) et, plus tard Benoît Brisefer, petit garçon dont la force herculéenne est annihilée à chaque fois qu’il attrape un rhume. Pour les besoins d’une histoire de Johan et Pirlouit, La Flûte à six trous, publiée en 1958, Peyo invente introduit dans la série un village de petits lutins bleus baptisés «schtroumpfs», le terme ayant été inventé par Peyo lui-même lors d’une conversation avec Franquin. Les personnages (et leur langue ou le mot «schtroumpf» remplace dans les phrases tous les substantifs, verbes et adjectifs significatifs, sans empêcher toutefois qu’on perçoive le sens des propos échangés) sont plébiscités par les lecteurs et vivent quelques aventures autonomes, d’abord dans les fameux « minirécits » du journal, ensuite sous forme d’histoires courtes. Les premiers albums paraissent à partir de 1963, mais dès 1959, des dessins animés sont produits, suivis en 1965 par un long métrage. Peyo fait vivre ses petits personnages dans un village caché au fond d’une forêt. Tous les Schtroumpfs sont physiquement rigoureusement identiques (un critique a évoqué à leur sujet une «hyper gémellité») sauf le Grand Schtroumpf, chef du village et figure paternelle doté d’une barbe blanche et d’un costume rouge. Chaque Schtroumpf est pourtant d’une personnalité bien distincte et l’on distingue aisément le Schtroumpf paysan du Schtroumpf coquet ou du Schtroumpf grognon. Tout irait pour le mieux dans ce petit monde si les Schtroumpfs n’étaient en butte aux attaques du mage Gargamel (flanqué de son chat Azraël), qui veut à toute force capturer les lutins pour une de ses funestes expériences… L’énorme succès des petites créatures amène Peyo à créer un studio où passent successivement François Walthéry, Marc Wasterlain, Roger Leloup… Ce succès s’internationalise bientôt. À partir de 1981, les studios américains Hanna et Barbera reprennent les personnages et produisent des dessins animés pour les chaînes d’outre-Atlantique. Rebaptisés The Smurfs, les Schtroumpfs font l’objet d’une intense exploitation commerciale, générant des profits énormes. En 1989, un parc d’attraction est même construit à Hagondange (Moselle), qui fermera quelques années plus tard. La même année, un mensuel dédié aux lutins est lancé, qui connaîtra plusieurs formules et quelques interruptions. Depuis la mort de Peyo en 1992, les aventures des Schtroumpfs sont réalisées par un studio placé sous la supervision de Thierry Culliford, fils de Peyo. La planche du Schtroumpfeur de pluie qui fait partie des collections du musée date de 1969 et résume assez bien l’univers de Peyo. Prenant comme point de départ une expression banale («Y a plus de saison»), il bâtit une histoire simple et néanmoins parfaitement agencée. Le graphisme est clair et expressif et l’on appréciera l’humour poétique qui consiste à construire une machine à contrôler le temps dans laquelle on déverse les «matières premières» que sont une rose des vents, de la purée de pois et quelques fausses notes pour faire pleuvoir…
Type d'œuvre
Planche
Droits
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Source
musée de la bande dessinée - la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image