Qu’il œuvre dans le western, le thriller, la science-fiction post-apocalyptique, le récit historique médiéval ou les histoires de pirates, le dessinateur belge Hermann se signale par la solidité de son dessin, la fluidité spectaculaire d’un découpage cinématographique et une constante fascination pour la représentation de la violence. Il a fait ses premiers pas dans Spirou avant d’être remarqué par Greg, qui lui écrit à partir de 1966 pour l’hebdomadaire Tintin les scénarios de la série Bernard Prince. D’abord héritier du Jijé réaliste de Jerry Spring, il a rapidement trouvé sa voix propre, d’une parfaite efficacité. Cette planche d’ouverture date de 1977 et provient de La Forteresse des brumes, onzième épisode de la série Bernard Prince. Hermann est alors dans la pleine expression de sa première maturité, dont on voit l’épanouissement dans la première case, fresque très fouillée à l’arrière-plan de laquelle on aperçoit le Cormoran, bateau de Bernard Prince. Cette mise en scène contraste avec le laconisme du dialogue, qui se résume à une brève bulle exclamative. Tandis que Greg lance le récit à la manière des feuilletons américains de l’époque, Hermann plonge le lecteur dans la «couleur locale». L’histoire va pouvoir démarrer, sur les chapeaux de roue. Bernard Prince a été à partir de 1966 la première série qui fera remarquer Hermann. Il l’abandonne en 1978, pour se consacrer plus complètement à Comanche (remarquable western, également scénarisé par Greg) et Jeremiah, série de science-fiction dont il est l’auteur unique.