Marqué par la peinture classique, l’Antiquité et la bande dessinée, Jacques Martin (1921-2010) citait Gustave Flaubert (celui de Salammbô ) et Hergé parmi ses sources d’inspiration. Ingénieur de formation, Jacques Martin publie ses premières œuvres au sortir de la guerre. Il acquiert la notoriété avec le premier épisode d’ Alix en 1948 dans Tintin . Son souci de la documentation, son approche littéraire de la narration (les pages regorgent de texte narratif qui accompagne les images, et Martin répugne dans un premier temps à l’usage des onomatopées) fascinent beaucoup de jeunes lecteurs de l’époque et le signalent aux enseignants d’histoire de l’époque comme une des rares bandes dessinées « recommandables ». Il entre au studio Hergé en 1953 et y travaille pendant presque deux décennies. Il dessine de nombreux chromos de Tintin et participe à la réalisation d’albums tels que L’Affaire Tournesol et Tintin au Tibet . Pour ce qui est de sa production personnelle, il abandonne progressivement le dessin, multiplie les scénarios et diversifie sa production. On peut citer Arno , qui se situe à l’époque napoléonienne, Xan puis Jhen au Moyen Âge, Loïs au XVIIe siècle français… Il publie également des ouvrages d’illustrations historiques sur les périples de ses héros, sur les uniformes militaires, etc. Dans ce panorama où l’histoire domine, Lefranc fait figure d’exception. Série qui rappelle beaucoup Blake et Mortimer d’E.P. Jacobs, Lefranc mêle intrigue policière et spéculations géopolitiques contemporaines, très marquées par la Guerre froide. Au fil des décennies, il travaille avec des dessinateurs qui, tout comme lui, ont été marqués à la fois par Hergé et Jacobs. Alix , qui se déroule au temps du règne de Jules César, prend place dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Le héros lui-même est un gaulois, ancien esclave affranchi qui prend fait et cause pour la grandeur de Rome. La meilleure période de la série, qui court du premier opus jusqu’à Iorix le Grand , brasse les thèmes de la puissance, de la barbarie contre la civilisation, de la grandeur contre la décadence… La planche du Dernier Spartiate présentée aujourd’hui est caractéristique de la manière de Jacques Martin : entremêlement de la mythologie et de la réalité (avec ici l’apparition menaçante de la déesse Minerve), importance du rêve et des oracles. Le récit, découpé avec une parfaite clarté est porté par un dessin qui s’inspire, non sans un certain hiératisme, de la statuaire grecque. Les vignettes blanches des cases dépourvues de textes soulignent paradoxalement l’importance du texte dans cette page où Alix est pourtant seul.
Type d'œuvre
Planche
Droits
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Source
musée de la bande dessinée - la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image